Née d’une mère russe exilée au Japon et d’un père japonais, Maki ne pouvait que vivre dans ce pays, comme si elle avait été destinée – avant même sa naissance – à habiter Tokyo, ville des plus belles et avancées technologiques. C’est gaiement qu’elle passa toute son enfance (et quasiment toute sa vie, sûrement) au côté de ses parents et de son grand frère. Son grand frère : ayant sept ans de plus qu’elle, il s’en est toujours bien occupé, soulageant ainsi les parents. Sans rire, Maki adore son frère, elle n’aurait pas pu imaginer en avoir un de mieux.

Vers ses onze-douze ans, un soir où les parents de des deux Yoshida étaient sortis au restaurant pour leur anniversaire de mariage, Maki jouait tranquillement avec son frère dans le salon ; un simple jeu de cartes, vous savez ? Chacun se donnait un gage lorsqu’on perdait, des rires, des plaintes. Fatigués de jouer, ils décidèrent d’allumer la télévision et ils arrivèrent en plein dans un flash spécial : une course poursuite en plein Tokyo, filmé par la chaîne locale. Tandis que Maki s’exaltait devant ce spectacle qu’elle croyait sorti d’un film d’action, son frère, lui, avait perdu peu à peu le sourire ; il lui semblait avoir reconnu la voiture qui se faisait suivre par un van noir, plutôt menaçant : c’était la voiture de leurs parents. Comment expliquer ceci ? Il ne le savait pas vraiment, il essayait de comprendre, mais les journalistes n’étaient pas assez concrets. Puis l’écran afficha un grand flash, jaune, blanc, rouge, on n’aurait pu le décrire tellement celui-ci avait été puissant.

Une explosion.

Ils venaient de perdre leur père, leur mère. Une enquête fut ouverte, mais cinq après, on n’avait su expliquer ce double-meurtre et les assassins – qui avaient pris la fuite – n’ont pas été retrouvé à la suite de cela ; sûrement à cause de la nouvelle vague de violence qui prenait part – peu à peu – de tout Tokyo, et pas que. Deux forces semblaient s’affronter, mais les simples citoyens ne comprenaient pas trop ce qui leur arrivait dessus. C’était bien trop complexe pour des membres extérieurs. D’ailleurs, Maki n’avait pas été mise au courant. Pour le meurtre. Pour leur décès. Son frère lui avait raconté un mensonge assez énorme pour qu’elle puisse y croire. Et ce fut une réussite, Maki pense encore aujourd’hui que ses parents ont dû changer de pays pour des raisons professionnelles. Son frère, étant déjà majeur à l’époque, avait pu s’occuper de la blonde. À présent, ils vivent encore ensemble, dans cette ville où les deux êtres qui les ont élevés sont décédés. Maki travaille dans la boucherie que son frère tient et elle a gardé sa joie de vivre. Elle adore se balader en moto (elle a passé son permis il y a peu, avec l’aide de son frère) en ville, sans même savoir qu’elle passe des dizaines de fois chaque jour sur le lieu du crime.